Il y a quelques mois nous communiquions sur notre engagement au sein de la fondation GEOMANUM en tant que co-fondateur et en expliquions les principales raisons. Nous revenons aujourd'hui plus en détail sur cet engagement et précisons notre offre d'accompagnement relative à l'adaptation au changement climatique.
L'urgence climatique passée sous silence
L'actualité médiatique se préoccupe peu de la situation climatique bien que les plus grands experts internationaux du climat réunis au sein du GIEC ne cessent de rappeler l'urgence d'agir. L'augmentation vécue de la fréquence des événements extrêmes comme de leur intensité n'interpelle pas davantage, ou du moins, pas au point de remettre en cause de manière systématique nos façons de vivre ou nos façons d'habiter ou de construire la ville.
A titre d'exemple, les habitants de l'immeuble Signal à Soulac-sur-Mer, menacé de s'écrouler en raison de l'érosion côtière, seront relogés mais certains maires délivrent encore des permis de construire dans des zones à risque ...
De manière plus générale, la construction de la ville en anticipation de phénomènes météorologiques extrêmes ou des vagues de chaleurs plus longues et répétées est quasiment absente des politiques publiques. Un excellent article de Laura Raïm décrit "cette politique de l'autruche" de l'ensemble de la chaîne immobilière à Miami. L'exemple de la ville de Floride pourrait paraître caricatural mais nous pourrions certainement trouver pareilles situations en France.
Exemple de prise en compte du risque de submersion marine dans un territoire Normandie
La prise en compte du risque n'est pas nouvelle
Pourtant, la prise en compte du risque n'est pas une nouveauté des politiques publiques. De nombreux acronymes en attestent, parmi lesquels les Plans de Prévention des Risques d'Inondation (PPRI), les Plans de Prévention des Risques Naturels (PPRN), les Atlas de Zones Inondables (AZI), ... Et à l'échelle communale, certains documents préparent l'administration et les habitants eux-mêmes à la survenue d'un aléa. C'est le rôle des plan communaux de sauvegarde (PCS) et des DICRIM (Dossier d'Information Communal sur les Risques Majeurs).
Cette préparation des populations est un déterminant majeur de la résilience des territoires.
Les villes particulièrement vulnérables
Le risque inondation est aujourd'hui plutôt bien connu et précisément localisé en raisons d'efforts importants faits en ce sens les dernières décennies en prévision de crues centennales dont la probabilité qu'elles surviennent est toujours plus forte.
Le réchauffement climatique induit la prise en compte de plusieurs types de risques, dont le risque diffus de canicule dû à l'augmentation prolongée des températures sur plusieurs jours ou semaines, et accentué en ville par l'effet d'îlot de chaleur urbain (ICU). S'il est toujours temps d'adopter des mesures d'atténuation pour limiter le réchauffement climatique - et il faut le faire, les climatologues sont unanimes : il est aussi nécessaire de prendre les mesures d'adaptation car le nombre d'occurrences de tels événements ainsi que leur durée augmenteront de manière certaine.
Ecoquartier Stockholm Royal Seaport - un modèle de développement urbain devenu dominant en Europe
Selon MétéoFrance, à horizon 2050 et en dépit des variations régionales, l’évolution est assez semblable quelque soit le scénario envisagé : "la fréquence des vagues de chaleur pourrait doubler par rapport à la période 1981-2010. Certains épisodes pourraient durer plus longtemps et s’accompagner de pics de chaleur plus élevés". Et dans le pire des scénarios envisagés par les modèles climatiques, "la fréquence des vagues de chaleur pourrait être multipliée par cinq par rapport à la période 1981-2010 avec une période d’occurrence s’étendant de fin mai à début octobre. Les épisodes se prolongeant plus d’un mois deviendraient fréquents et des vagues de chaleur ininterrompues durant plus de deux mois deviendraient même possibles. Les pics de chaleurs seraient nettement supérieurs à ceux observés ces dernières années".
Quelle anticipation pour des phénomènes que l'on sait inéluctables ?
La canicule de 2003, causant 70 000 morts en Europe, dont 15 000 en France, a marqué les esprits et a donné lieu au niveau national à l'adoption d'un Plan Canicule, organisé autour de 4 niveaux de gravité. Au niveau local, des mesures ont été prises par les préfectures et par les plus grandes villes pour répondre aux situations de crises mais peu ont vocation à les prévenir ou minorer leurs conséquences, par anticipation.
L'évolution climatique pose pourtant de nombreuses questions. Nos villes sont-elles prêtes à "des coups de chaud" plus fréquents et plus intenses ? Quelles sont les réponses des quartiers à des épisodes caniculaires plus fréquents ? Comment adapter nos villes pour qu'elles supportent mieux les montées en température ? Comment contrer l'effet d'îlot de chaleur urbain (ICU) ? Comment diminuer la vulnérabilité des populations lors d'épisodes caniculaires ? Peut-on et doit-on construire différemment la ville pour la rendre plus résiliente ? Quelle est la part de responsabilité qui revient aux collectivités locales dans les réponses à donner ? ...
Vers un urbanisme climatique
C'est pour répondre à l'ensemble de ces questions et pour donner vie à un nécessaire urbanisme climatique que nous avons décidé de proposer nos services dans ce domaine et reposer notre approche sur les outils développés par le CNRS, avec le soutien de la fondation GEOMANUM, ainsi que sur notre expérience et savoir-faire.
La morphologie urbaine va être un facteur d'explication important de la vulnérabilité d'une ville au changement climatique mais ce n'est pas le seul. C'est à travers une approche multifactorielle et globale que nous souhaitons aborder les causes comme les solutions au réchauffement des villes et à l'augmentation de l'exposition aux risques – ces dernières sont regroupées sous 3 entrées ci-dessous.
Trois grand types de solution à l'adaptation au changement climatique
Interprétation reposant sur la typologie proposée par S. Isoard & M. Winograd
En considération de ces 3 leviers d'actions, nous souhaitons accompagner les villes qui le souhaitent pour :
- leur fournir des données objectives et localisées de compréhension des phénomènes urbains de vulnérabilité au changement climatique ;
- mettre à disposition des moyens d'analyses dans le but de prioriser les actions à mener, y compris spatialement ;
- leur permettre de saisir les opportunités d'urbanisme climatique dans les projets urbains en cours à venir ;
- avoir une lecture sanitaire et sociale de ces enjeux, en prenant en compte les populations ;
- et intégrer les défis de l'adaptation au changement climatique dans les documents de planification
Des analyses et des rendus pédagogiques et lisibles pour faciliter la prise de décision
Si les politiques publiques se saisissent peu ou insuffisamment du sujet de l'adaptation, c'est parce que le concept même est difficile à appréhender et la prise de décision semble plus complexe encore. Mais c'est aussi, sans doute, que les bureaux d'études (qui assistent les collectivités) n'ont pas su trouver un langage adapté pour traiter la thématique. Qu’il n’y ait pas de malentendu, nous ne prétendons pas être les seuls à savoir faire, nous souhaitons juste essayer différemment, en adoptant une approche pragmatique et sensible.
Extraits de cartes réalisées à des fins d'analyse et de prise de décision
Tout en tenant compte de la complexité des phénomènes étudiés, c'est dans un souci de simplification et de pédagogie que nos analyses et rendus sont conçus et diffusés dans le but de :
- Caractériser la réponse des quartiers à un épisode caniculaire sur la base de leur morphologie urbaine, par identification des LCZ (Local Climate Zone) ;
- Détecter les espaces imperméabilisés pour prioriser les interventions et saisir les opportunités urbaines ;
- Préciser le rôle des espaces publics dans l’aménagement, identifier les « refuges » de fraîcheur ;
- Localiser les concentrations de personnes les plus vulnérables et soumises à un îlot de chaleur intense ;
- Localiser les lieux de santé, les lieux d’accueil éventuels, les lieux hébergeant des populations vulnérables, ...
L'intégration de données propres à votre territoire peut être envisagée pour enrichir les analyses produites.
Nous ne perdons jamais de vue la finalité de l'exercice : mieux guider les décisions politiques en matière d'urbanisme et d'aménagement, car les choix fait aujourd'hui auront des conséquences dans les années à venir mais aussi dans 50 ou 100 ans ! Et à cette échéance, il sera trop tard pour agir ...
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